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La Coupe du Monde, c’est bon pour le moral

Première parution : Actualité Juive du 8 décembre 2022
Par le Dr. Jonathan TAÏEB
Secrétaire Général de l’AMIF, Fondateur de l’Institut Médical du Sommeil, Praticien du Centre du Sommeil à l’Hôtel-Dieu

Critiquée, boycottée, censurée… C’est peu dire que la Coupe du Monde de football qui se déroule actuellement au Qatar ne fait pas l’unanimité.

Et pourtant ! Au-delà de ses multiples écueils tout à fait condamnables et que nous avons tous en tête, cette compétition est loin d’être dépourvue d’intérêts. Et pas seulement sur le plan sportif.

Après une pandémie qui n’en finit plus, un conflit aux portes de l’Europe qui s’éternise, ou encore une inflation galopante dans l’hexagone dont on ne voit pas le bout, rares sont les répits que nous offre l’actualité. Alors, pourquoi ne pas voir dans ce tournoi une source d’échappatoire du quotidien ?

En tant qu’amateur de football, je suis toujours enthousiaste lorsque se tient une grande compétition internationale. Et je suis certain que les lecteurs qui partagent cette passion sont eux aussi, pour leur grande majorité, ravis. Ce sport nous offre tant, dans sa diversité, dans son incertitude, dans ses émotions.

Où étiez vous le 12 juillet 1998 ? Une simple date qui dit tout. La puissance d’un moment de joie gravé à jamais en chacun de nous, grand amateur de football comme simple suiveur. Car avant tout Français. « Pour l’Eternité », comme le titrait le journal L’Equipe, dans sa Une du lendemain.

Si cette première victoire de la France en Coupe du Monde était avant tout sportive, sa portée en a été bien supérieure. Souvenez-vous du moral des français en hausse, de la cote du Président Chirac qui grimpe en flèche, d’un pays réuni sous une nouvelle devise « black-blanc-beur ». Pour ceux qui lisent ces lignes et qui n’étaient pas nés (ou trop jeunes) en 1998, nul doute que le souvenir de la Coupe du Monde 2018, synonyme de deuxième étoile pour la France, sera tout aussi probant.

Cette portée qui va bien au-delà du simple résultat sportif n’a rien d’anodin : de nombreuses études démontrent que soutenir une équipe est bon pour la santé ! Et si c’est la science qui le dit…

La première d’entre elles est une étude universitaire américaine, menée par les Professeurs Stephen Reysen et Daniel Wann. Celle-ci conclue que ceux qui soutiennent une équipe ont une meilleure estime d’eux-mêmes, sont plus confiants et plus heureux, que leurs équipes gagnent…ou perdent !

Mauro Ceron, coordinateur du programme de psychologie à l’Universidad Privada del Norte (Pérou), abonde dans ce sens. Le football « sert d’espace de projection personnelle parce qu’il nous motive, évoque des moments de gloire dans notre mémoire et génère des attentes de bons résultats […] Les sports encouragent la discipline, l’unité et la capacité de réguler les émotions chez les êtres humains, en plus de générer un ensemble d’hormones telles que l’ocytocine qui, ajoutée aux autres avantages, nous prépare à un état émotionnel sain ».

La réduction du stress, l’augmentation de ses facultés de mémoire et de concentration ou encore l’amélioration de l’humeur sont également autant de bienfaits que procure le foot…à la télé.

Mais le corps n’est pas en reste ! Nombreux sont ceux, et j’en fais partie, dont la simple vue du sport comme spectateur donne l’envie de pratiquer un sport comme acteur. Autrement dit, regarder du sport motive à faire du sport.

De plus, « regarder votre équipe de football bien-aimée se défouler à la maison pour la victoire a un impact positif sur votre santé, les spectateurs éprouvant un stress physique équivalant à une marche rapide de 90 minutes » comme l’explique le Dr. Andrea Utley, une scientifique du sport qui a co-dirigé une étude portant sur les supporters de football.

A titre personnel, j’ai toujours été impressionné par la ferveur des supporters britanniques, et en particulier par ceux de Liverpool. La communion de ce public intergénérationnel avec ses joueurs et ses chants mythiques tel le célèbre « You’ll never walk alone » (« Vous ne marcherez jamais seuls »), représentent tout ce que j’aime dans le fait d’être supporter : partager des émotions ensemble, gagner ensemble et perdre ensemble.

Evidemment, à cette vision idyllique du football s’oppose des réalités parfois moins enviables : le spectre de l’argent roi, la violence, le hooliganisme…

A titre personnel, au-delà de ma passion purement sportive pour le foot, je suis engagé depuis 10 ans dans une association luttant contre le hooliganisme dans les stades, au côté de Hermann Ebongue. Cet engagement est extrêmement gratifiant, quand je constate le retour de familles et une présence féminine de plus en plus importante dans les stades de Ligue 1 depuis quelques années, à l’instar de ce qui existe dans le championnat anglais depuis des décennies, voire même depuis toujours.

Mais, Chers lecteurs, rassurez-vous : nul besoin d’en faire autant… Vous savez désormais ce qu’il vous reste à faire : rejoindre les 15 millions de Français qui vibrent devant leur télévision, durant les matches des Bleus en ce mois de décembre. « L’essentiel, c’est de participer » comme le disait Pierre de Coubertin…