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Hommage au Cardinal André Vingt Trois

Les obsèques du cardinal André Vingt‑Trois ont été célébrées à Notre‑Dame le 23 juillet 2025. Il avait été archevêque de Paris entre 2005 et 2017. J’ai eu l’occasion de le rencontrer à de nombreuses reprises, notamment, mais pas uniquement, à l’époque où je présidais le Crif et je peux témoigner que c’était un grand ami du peuple juif. Son affection discrète, solide et sagace ne s’est jamais démentie et j’ai été ému de savoir que les premiers mots de la section biblique dont il avait demandé la lecture à ses obsèques fussent ceux du prophète Osée, «Ki naʿar Yisraʾel, vaʾohavéhou» «Alors que Israël était dans son jeune âge, je l’ai aimé ….»

André Vingt Trois, qui rappelait modestement que son patronyme inhabituel était probablement celui d’un bébé abandonné auquel on avait donné un nom calendaire parfaitement anonyme, a fait toute sa carrière dans le sillage d’un homme exceptionnel dont il devint le successeur et dont il resta le disciple: dès son ordination sacerdotale, en 1969, il fut en effet nommé vicaire de la paroisse Sainte Jeanne de Chantal dont le curé s’appelait Jean Marie Lustiger. Lorsque en 1981 celui-ci devint archevêque de Paris, il nomma André Vingt Trois vicaire général et directeur du séminaire de Paris. Evêque auxiliaire de Paris, puis archevêque de Tours en 1999, il fut nommé par Jean Paul II archevêque de Paris, succédant à Mgr Lustiger, puis créé cardinal par Benoit XVI en 2007, alors qu’il venait d’être élu à la Présidence de la Conférence des Evêques de France. 

Il a ainsi accompagné puis spontanément repris tous les combats et initiatives de Jean Marie Lustiger, notamment, en ce qui touche plus particulièrement les Juifs,  pendant les années de controverses sur le Carmel d’Auschwitz, la mise en place de la déclaration de repentance des évêques de France, puis les dialogues entre évêques et de cardinaux et Juifs orthodoxes de New York et  la rencontre à la nonciature de Paris entre Benoit XVI et les représentants de la communauté juive. Les relations entre l’Eglise catholique de France et les Juifs ont été à cette époque aussi fréquentes que fraternelles, et elles portent encore l’empreinte des admirables personnalités  qui en furent les initiateurs.

Quant aux relations avec Israël, André Vingt Trois y a amené en février 2007  600 personnes dans un pèlerinage qui n’a pas manqué d’attirer les critiques  des ennemis de ce pays . Il y  a répondu avec le bon sens qui le caractérisait: «Le fait historique et politique d’Israël est un élément important. On ne peut pas entrer en relation si on ne vient pas ici». Au cours d’une conférence de presse en Israël, il avait dit des paroles qui résonnent encore aujourd’hui: « Nous sommes particulièrement sensibles au sentiment éprouvé par différents responsables des communautés juives en France, avec lesquels nous avons des relations de respect et d’amitié, que la France est vouée, je dirais, à une sorte de pandémie antisémite….».

André Vingt Trois était de nouveau en Israël le 23 octobre 2013 dans les jardins de l’Abbaye Sainte‑Marie de la Résurrection à Abu Gosh pour l’inauguration du Mémorial établi sur l’initiative du Crif en l’honneur de Jean Marie Lustiger. Il y a exprimé sa fierté de porter l’héritage de son prédécesseur et a insisté sur l’importance du dialogue judéo-chrétien.

Toute sa vie il est resté fidèle à ces lignes directrices. Que sa mémoire soit bénie…

Dr. Richard PRASQUIER

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