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Antisémitisme à la faculté de médecine de la Sorbonne : une alerte grave pour l’université française

Jeudi 20 novembre 2025, lors d’un cours destiné aux internes de médecine générale à Sorbonne Université, un incident d’une extrême gravité est survenu. L’enseignante, utilisant l’outil interactif Wooclap pour recueillir les réponses des étudiants, posait une question anodine : « Où avez-vous trouvé les réponses ? ». Wooclap permet de créer un nuage de mots projeté à l’écran : plus un mot est répété, plus il apparaît en grand. Si certaines réponses classiques comme « stage », « réflexion » ou « réponse du patient » sont apparues, d’autres, bien plus choquantes, ont immédiatement sidéré l’assistance.

Des termes antisémites et faisant l’apologie du nazisme se sont affichés en lettres capitales, visibles par les six enseignants et la centaine d’étudiants présents. Parmi eux : « Hitler », « Juifs », « Libérez Maurice Papon », « Vincent Reynouard » ou encore « Libérez Gros Lardon » – pseudonyme de Léo Rivière-Prost, figure de la mouvance néonazie en France. Maurice Papon, mort en 2007, a été condamné pour complicité de crimes contre l’humanité pour son rôle dans la déportation de Juifs sous le régime de Vichy. Vincent Reynouard, militant négationniste, a été extradé du Royaume-Uni en 2024 après des années de cavale.

Une réponse ferme de l’université

Face à l’émotion suscitée, le cours a immédiatement été suspendu et l’amphithéâtre évacué. Sorbonne Université a saisi le procureur de la République en vertu de l’article 40 du Code de procédure pénale. Une procédure est en cours pour identifier les auteurs de ces messages, avec la promesse de sanctions disciplinaires dès qu’ils auront été formellement identifiés. Parallèlement, une cellule psychologique a été mise en place pour accompagner les étudiants et les enseignants affectés, et le référent laïcité et lutte contre le racisme et l’antisémitisme de l’établissement a été activé.

Une condamnation unanime

Les syndicats d’étudiants et d’internes ont rapidement réagi. L’ANEMF, l’ISNI, l’Isnar-IMG ainsi que le Collège National des Généralistes Enseignants (CNGE) ont unanimement condamné l’incident. Dans un communiqué commun, les syndicats des internes ont rappelé  que « le racisme n’est pas une opinion mais un délit » et ont insisté  sur la nécessité urgente de renforcer la formation des futurs soignants à la lutte contre toutes les formes de discrimination. Le choc est d’autant plus fort que cette séquence survient dans un contexte national marqué par une explosion des actes antisémites.

Une dérive inquiétante dans les universités

Depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 et la riposte israélienne à Gaza, la France connaît une recrudescence préoccupante des actes antisémites. Le Sénat a recensé 73 incidents dans les universités françaises entre octobre 2023 et juin 2024, soit une hausse de 317 % par rapport à l’année précédente. L’Université Sorbonne elle-même a été le théâtre de plusieurs actes similaires. En août, un sondage WhatsApp intitulé « Les Juifs, pour ou contre ? » a été lancé dans un groupe d’étudiants. En septembre, plusieurs élèves ont été exclus d’un groupe Instagram sur la base de leur nom à consonance juive.

Cet incident ne peut être traité comme un simple incident isolé. Comment ces internes en médecine générale auteurs de tels propos antisémites se comporteront avec des patients juifs ? L’AMIF demande la mise en place d’une  vigilance accrue et d’une mobilisation durable contre toutes les formes de haine antisémite dans le monde académique.

Dr. Richard PRASQUIER

https://world.hey.com/richard.prasquier