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La dérive iranienne de LFI

Le 17 juin, à l’Assemblée nationale, la députée LFI Alma Dufour parla de l’Iran comme de l’Etat agressé, d’Israël comme de l’Etat agresseur, juridiquement non fondé à s’engager dans une guerre. Le ministre des Affaires Etrangères, Jean-Noël Barrot, accusa la députée d’être le porte-parole du Hamas, du Hezbollah et de l’Iran. Mediapart a accusé le ministre de dégrader le niveau du débat parlementaire, comme si celui-ci avait été jusque-là porté à des hauteurs éminentes par les députés LFI…

Mme Dufour, quand elle s’exprime sur le droit de la guerre, en faisant fi de près d’un demi-siècle de promesses de destruction d’Israël par le régime iranien, ne témoigne pas d’une conversion subite des représentants de LFI à un juridisme pointilleux. Non, elle applique le principe politique fondamental qui, sous la houlette de Mélenchon, détermine les positionnements de son parti : la dénonciation de l’ennemi.

L’incarnation de celui-ci pour une France insoumise, devenue France islamiste, c’est Israël. Mme Alma Dufour, militante écologiste, féministe et laïque, défend une théocratie terroriste dont l’oppression religieuse, la course à la bombe atomique et la répression des femmes sont des marques de fabrique cauchemardesques. Ce sont là des considérations mineures, car l’important est de ne pas dévier de l’objectif et de continuer en toute circonstance à dénoncer Israël. C’est le théoricien allemand du droit, Carl Schmitt, qui dans un ouvrage célèbre de 1927, avait placé la désignation de l’ennemi, interne ou externe, au centre de toute action politique.  

Carl Schmitt offrit ses services à Hitler, qui n’en voulut pas, car il rejetait toute tutelle idéologique. Comme pour Heidegger, ce mépris du Führer fut salvateur pour Carl Schmitt à qui il laissa une porte de sortie après la guerre. Ce n’est pas seulement à l’extrême droite qu’il exerça son influence intellectuelle.  L’ennemi était le Capital pour les marxistes et le Juif pour les nazis. Il est Israël pour les islamistes. C’est cet ennemi que Jean Luc Mélenchon a cyniquement choisi. La dénonciation du « génocide » à Gaza résume aujourd’hui sa pensée politique.

Ce faisant, il n’est pas le premier à avoir trahi ses engagements de jeunesse et à enrober cette trahison sous les déguisements de paix, de justice sociale et de défense des opprimés. 

Au parti socialiste français des années 1930, la prééminence de Léon Blum n’était pas du goût de tous. Certains dénonçaient son attitude hostile envers l’Allemagne désormais sous la férule de Hitler et prétendaient que ses origines juives le rendaient inapte à comprendre les objectifs de celui-ci. Ces hommes, marqués par la saignée de la guerre de 14, avaient fait de la paix leur horizon politique et de ceux qui risquaient de déclencher des hostilités leurs ennemis irréductibles. Objectif honorable qui les a conduits à tout accepter : le réarmement de l’Allemagne, la remilitarisation de la Rhénane, l’annexion de l’Autriche, des Sudètes et de la Tchécoslovaquie et l’invasion de la Pologne (« Nous n’allons pas mourir pour Dantzig »). 

Leurs convictions pacifistes les ont plongés dans la plus abjecte collaboration avec le nazisme. Ces hommes formaient un pan important du parti socialiste français, aujourd’hui remisé aux oubliettes. Il n’en surnage guère que le nom de Marcel Déat. 

 Jean-Luc Mélenchon a utilisé la figure de ce socialiste pacifiste autoritaire devenu un fervent partisan des nazis pour discréditer ses ennemis socialistes en les traitant de social fascistes.

En réalité, outre que, en matière d’autoritarisme, le leader de LFI ne craint personne, le socialisme national de Déat peut être utilement comparé à son propre socialisme devenu islamiste. Entre soutenir l’Iran de Khamenei et soutenir l’Allemagne de Hitler, il y a malheureusement quelques analogies…

Dr. Richard PRASQUIER

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